Revue de presse
 

Libération (23 janvier 2002)
" ECRIN D'ACTRICES SUR LES ÉCRANS D'ANGERS" par Edouard WAINTROP
" […] Delphine Zingg, avec son jeu contenu et son visage grave, est une autre révélation du festival. Elle partage avec Djolof Mbengue la vedette de L'Afrance, film français et pour l'instant le meilleur projeté à Angers. Alain Gomis, son metteur en scène et scénariste, y conte l'histoire d'un étudiant sénégalais en fin de cursus qui se demande s'il doit rentrer au pays, comme lui commande son idéal, ou rester vivre à Paris, ce que semble lui dicter son amour pour une jeune française, Delphine Zingg justement. Nous reparlerons de ce film qui sort à Paris dès la semaine prochaine.[…] "


Ciné Live (Février 2002)
" Plusieurs raisons font de L'Afrance, un premier film signé Alain Gomis, un des films à découvrir en priorité ce mois-ci. D'abord pour son thème, puisqu'il parle des sans-papiers, de leurs quotidien et de la précarité dans laquelle notre belle démocratie les jette du jour au lendemain au mépris de ses préceptes d'égalité et de fraternité. Sujet délicat - régulièrement malmené par ceux qui rendent compte de l'actualité - auquel le réalisateur et ses scénaristes apportent un regard d'une absolue justesse et où le grave, le futile comme l'humour interviennent pour cerner et dépeindre le portrait de El Hadj, un jeune étudiant sénégalais à Paris. Le film vaut aussi par ses choix narratifs. Ainsi, L'Afrance ne fait jamais l'impasse sur les conditions de vie juridiques, psychologiques (humiliations, craintes de chaque instant, paniques incontrôlables) et physiques (les conditions de détention des sans-papiers au palais de Justice renvoyant la France au rang des pays les moins civilisés) de son héros. Mais il ne s'appesantit pas pour autant, et troque la dénonciation forcenée contre une histoire humaine faite de séduction, de chair, de larmes et de sueur. On y rit souvent (belle galerie de seconds rôles) mais les répliques qui font sourire ont aussi un versant nostalgique où se profile le déracinement et la dépersonnalisation. La récurrence des scènes de douche où El Hadj ( Djolof Mbengue, impressionnant corps sculptural en plein effondrement), cloisonné entre ces murs de froide faïence, se frappant la tête contre les carreaux, témoigne dune radicale maîtrise du sujet et de son traitement. Un film qui brusque, révolte et émeut.
En deux mots : le cinéma français tourne enfin ses caméras vers l'actualité sociale. Pour son premier film, Alain Gomis fait preuve de belles qualités d'auteur et de cinéaste. A découvrir." Xavier Leherpeur.


Première (Janvier 2002)
" Que risque un étudiant sénégalais à Paris s'il n'a plus de papier ? […] C'est cette réalité-là qu'Alain Gomis, métis sénégalais, filme sans misérabilisme ni emphase. Ni film militant en faveur des sans-papiers ni pamphlet émotionnel, L'Afrance cherche plus modestement à nous faire réfléchir sur les aberrations de notre pays, qui, en matière d'immigration, dit oui avec le cœur mais non avec la tête." J.-B. D.


Libération (14 août 2001)
" LOCARNO EN 2CV VERS LA POLEMIQUE ; UN PALMARES SURPRENANT MAIS UNE SELECTION RICHE POUR LE 54EME FESTIVAL DU FILM " par Philippe AZOURY
" […] La sélection française par exemple, n’aura filmé que pour radiographier la France avant qu’elle n’implose. Avec plus (Vermillard, Fontaine, Gomis) ou moins (Cabrera) de bonheur : il y aurait un mal français, coulé dans le confort, qui ronge et qui inquiète.
[…] C’est parce qu’il met dans l’Afrance (beau titre) un enjeu plus identitaire qu’Alain Gomis frappe par sa violence rentrée, et dépasse la seule (psych)analyse de la fragilité des nantis. Il questionne notre confort en regardant ceux qui en sont, tout à la fois, les exclus et les produits. On n’est pas près d’oublier les plans où le héros, étudiant sénégalais à Paris, ne sachant plus s’il doit rester pour s’intégrer à un système éducatif qui l’a fabriqué de bout en bout ou repartir vers l’Afrique, frappe ses poings contre la faïence blanche de sa salle de bain, tournant la question " c’est où chez toi ? " jusqu’à s’en rendre fou à lier. […] "


Le Monde (14 août 2001)
" LE FESTIVAL DE LOCARNO S’ACHEVE DANS LA CONFUSION " par Jacques Mandelbaum
" […] Seul le premier long métrage d’Alain Gomis, L’Afrance, est parvenu à insuffler, in extremis, un peu d’air frais parmi des oeuvres sentant à ce point le réchauffé.
Ce long métrage met en scène un jeune étudiant sénégalais, El Hadj, qui poursuit ses études à Paris, tout en rêvant, dans le sillage admiratif de Lumumba et de Sékou Touré, de rentrer au pays pour y servir la cause de l’indépendance africaine. Une arrestation avilissante et une histoire d’amour avec une Française dérèglent, en même temps que la volonté du personnage, le destin militant du film, pour le plus grand profit de l’un et de l’autre.
Né en France en 1972, d’un père sénégalais et d’une mère française, Alain Gomis, outre qu’il est manifestement le fils de son oeuvre, signe là un film inabouti mais passionnant, où l’exil intérieur du personnage est exprimé par les modalités de son inscription physique dans le monde, devenue pure et sensuelle affaire de cadre et d’incarnation. […] "


L’humanité (15 août 2001)
" LE 54E FESTIVAL INTERNATIONAL DU FILM S'EST ACHEVE DIMANCHE, SUR FOND DE POLEMIQUE QUANT AU PALMARES " par Emile Breton
" […] D'une compétition assez terne, on ne retiendra guère sans doute […] que l'Afrance, film français d'un réalisateur de trente ans, Alain Gomis, portrait d'un garçon sénégalais étudiant en France. Venu à Paris bien décidé à mettre plus tard son savoir au service de son pays et brutalement traité comme un " sans-papiers ", menacé d'un retour forcé, il sera amené à s'interroger sur sa place en ce monde. On est loin du discours habituel sur l'immigration, du côté plutôt d'un cinéma de la proximité avec ses personnages, et le léopard d'argent qu'il se vit attribuer est sans doute le plus mérité de ce palmarès. Ce film […] fait la preuve que peut être dite, à partir dune" petite " histoire, la complexité dune société. C'est ça, le cinéma. […] "


Les cahiers du cinéma (Septembre 2001)
" UN GOUT D’INACHEVE A LOCARNO. QUELQUES VRAIES BONNES SURPRISES EMERGENT D’UNE SELECTION DECEVANTE… " par Jérôme Larcher
" […]Les films les plus passionnants auront trouvé une réponse plus sérieuse et salutaire à cette question de la fêlure ou de l’implosion en la circonscrivant autour d’un seul corps ou d’un personnage. C’est le cas de […] L’Afrance.
Ce premier long-métrage d’Alain Gomis, commence comme un film militant qui raconte les déboires d’un jeune sénégalais venu faire ses études en France, sur le point d’être expulsé. Mais peu à peu le film sort de tout discours sociologique : l’exil devient pour lui un itinéraire mental, au point que la question qui l’obsède, rester en France qui a fait de lui ce qu’il est devenu ou retourner au Sénégal travailler, trouve des échos dans son corps (la scène où il se cogne contre le carrelage d’une douche) et dans l’espace. […] "